La difficulté dans les jeux vidéo

La difficulté dans les jeux vidéo

La difficulté dans les jeux vidéo

Le degré de difficulté d’un jeu vidéo a toujours basculé entre avoir une difficulté qui va permettre au joueur de se challenger et entre avoir un jeu qui peut se terminer. Et lorsque l’on regarde plus attentivement les jeux vidéo actuels, on se rend vite compte qu’il existe de plus en plus de modes de difficulté différents (entre 2 et 5 par exemple) pour un seul et même jeu.

Au travers de cet article, nous allons essayer de comprendre les raisons qui poussent les éditeurs à proposer autant de difficulté pour leurs jeux et comment la difficulté a évolué depuis les débuts de l’industrie vidéoludique.

Un peu d’histoire

Commençons par parler des jeux d’arcade et remettons-nous dans le contexte ; à cette époque, il n’y avait pas de micro-transactions ni d’autre moyen de rentabilisation à long terme des jeux vidéos autres que l’argent que les joueurs introduisaient dans les bornes. C’est pourquoi, pour que ces jeux soient rentables, il fallait faire en sorte que le jeu soit difficile à terminer de manière à ce que le joueur insère encore et toujours des pièces. Mais il fallait aussi créer un système de récompense par la suite. Ainsi, si le joueur voulait voir apparaître son nom dans le tableau des meilleurs scores de son jeu préféré, il lui fallait s'entraîner encore et encore sur les bornes d’arcade pour atteindre le meilleur score.

Tableau de High Scores

Ainsi, à chaque mort ou défaite, le joueur devait payer pour pouvoir recommencer la partie depuis le début. Bien entendu, les éditeurs n’étaient pas tous d’ignobles monstres voulant à tout prix que leur jeu soit impossible à finir, loin de là. Leur objectif était de faire en sorte que leur jeu soit assez compliqué pour que le joueur s’y prenne à plusieurs fois avant de comprendre toutes les subtilités du gameplay afin d’en voir le bout, même si l’objectif des jeux d’arcade n’était pas que vous finissiez le jeu, mais que vous obteniez le meilleur score comme dans Pacman ou Space Invaders.

Puis lorsque les premières consoles de salon sont arrivées, on a pu voir apparaître des jeux vidéo à la difficulté relativement élevée pour des raisons complètement différentes. Là où le jeu d’arcade se jouait par petites sessions payantes à chaque nouvelle partie, la cartouche de jeu vidéo ne s’achète qu’une seule fois. L’objectif de ces “nouveaux” jeux vidéo était donc de résister aux joueurs pendant des mois alors que ceux-ci ne duraient en réalité qu’une trentaine de minutes. Ainsi, la difficulté de ces jeux étaient en partie due à un résultat assez aléatoire en terme d’ergonomie, de gameplay et de game design, tout ça résultant de la jeunesse et de l’inexpérience du média et de ceux qui y contribuaient, mais aussi à un manque de sauvegarde. Le level design donnait l’impression au joueur de se battre contre lui-même et non pas contre le jeu. Mais, avant tout, il fallait justifier le prix de vente et proposer une expérience de jeu qui durerait plus longtemps que les parties souvent très courtes qui se jouaient sur borne d’arcade.

En réalité, les jeux avaient été terriblement difficiles pendant des années pour simplement prolonger le temps de jeu et masquer un manque de contenu sous-jacent, pour des raisons techniques ou commerciales.

La difficulté dans les jeux actuels

Ecran de sélection de la difficulté du jeu Wolfenstein

Passons maintenant aux jeux vidéo actuels. S’il y a une très grande émergence des modes de difficulté dans les jeux vidéo, c’est avant tout pour leur permettre de s’adresser simultanément à des joueurs occasionnels tout en continuant de séduire un public plus hardcore. Le but des jeux d’aujourd’hui est très différent de ceux d’avant ; en effet, l’objectif principal est de jouer à travers une histoire, de se sentir vivre dans le jeu et de pouvoir voir la cinématique de fin. On peut donc dire que présentement, lorsque l’on achète un jeu vidéo, on s’attend à acheter une expérience et non pas un score dans un tableau. L’objectif est ainsi de faire en sorte que le joueur vive une expérience tellement unique et appréciable qu’il recommande le jeu à tous ses proches. 

Il faut toutefois savoir faire la différence entre un jeu difficile et un jeu exigeant. Personnellement, je sais que lorsque je finis un jeu, je vais le recommencer avec la difficulté supérieure pour voir ce qui change au niveau du gameplay et quelles sont les actions que je vais faire différemment. Prenons très rapidement l’exemple de Dragon age Inquisition. En mode normal, j’ai tendance à foncer dans le tas, cependant lorsque je choisis la difficulté supérieure, je vais plutôt observer mes ennemis avant de les approcher. Et nous sommes nombreux à faire ce genre d’actions et à changer de comportement en fonction de la difficulté. C’est notamment le cas des joueurs de jeux Die and Retry.

Le succès des “Die and Retry”

Comme son nom l’indique, un Die and Retry (Mourir et réessayer en français) est un jeu qui implique qu’à chaque mort, le joueur recommence le jeu (soit dans son intégralité, soit depuis le dernier emplacement de sauvegarde). Un de ses représentants les plus connus étant la série Dark Souls, l’objectif des die and retry est de vous mettre face à une difficulté qui va vous sembler au premier abord insurmontable de manière volontaire pour que vous compreniez les mécaniques du jeu ainsi que les actions à effectuer pour tuer un des Boss.

Jaquette du jeu Dark Souls Remastered sur Xbox

Pour les développeurs, les joueurs jouant aux die and retry sont plus heureux lorsqu’ils réussissent certaines actions. Dans ces jeux-là, il faut comprendre que mourir fait partie intégrante du gameplay et qu’il y a donc une phase d’apprentissage. Maîtriser le jeu dans les moindres détails va nous faire apprécier la difficulté et le temps passé dessus. On peut parler ici du fait que le challenge ainsi que les objectifs augmentent les récompenses et de ce fait le sentiment d'accomplissement. Mais parfois, cette difficulté n’est pas suffisante et les joueurs préfèrent se rajouter leurs propres défis.

Lorsque les joueurs s’inventent leur propre difficulté

Cela peut paraître complètement absurde, mais les joueurs sont très souvent dans la recherche d’adrénaline, d’autosatisfaction et de gratification. Et pour certains les difficultés proposées par les différents jeux ne sont pas suffisantes. C’est pourquoi, avec un certain esprit de compétition et de challenge, certains joueurs vont aller jouer à League of Legends en Ultimate bravery. L’Ultimate Bravery consiste à générer aléatoirement des objets, des compétences, des sorts ainsi que son poste (voie du milieu, du haut, du bas, …) à utiliser qui ne seront probablement pas adaptés au champion joué.

Exemple de build proposé pour Hecarim en Ultimate Bravery

Cela permet au joueur de tester de nouvelles choses et de s’imposer de nouveaux challenges.

Mais un autre exemple de difficulté créée de toutes pièces par les joueurs est le speedrun. Le speedrun consiste à terminer un jeu le plus rapidement possible et c’est quelque chose de très impressionnant à regarder. C’est là qu’on retombe un peu dans l’idée des bornes d’arcade. En faisant un speedrun, on s’attend à faire le meilleur temps pour pouvoir apparaître dans le tableau des meilleurs temps (comme on peut le voir sur le lien ci-dessus).

Mais certains joueurs vont encore plus loin et vont essayer de réaliser des speedrun les yeux bandés, jouer à Dark Souls avec un tapis de danse ou bien jouer à Just Dance en roller. On peut aussi parler du fameux Nuzlocke Challenge sur les jeux Pokemon, qui consiste à s’inventer ses propres règles qui vont varier (par exemple un Pokemon mort ne peut pas être soigné). De plus, avec les outils de création de plus en plus accessibles, on retrouve de nombreux mods qui vont multiplier la difficulté d’un jeu jusqu’à parfois atteindre un degré d’absurdité qui frise le masochisme comme ça peut être le cas sur des jeux comme Skyrim ou Fallout 4.

Les succès et trophées

Lorsque l’on parle de difficulté, on pense aussi à la difficulté de débloquer certains trophées et succès. Personnellement, je sais que tant que je n’ai pas obtenu tous les succès d’un jeu, il n’est pas terminé. Et c’est ainsi que certains joueurs peuvent recommencer des jeux en faisant de nouvelles actions pour essayer de débloquer ces fameux succès et trophées. Par exemple, dans The Last Guardian, un des trophées “jusqu'au dernier” consiste à apporter un certain nombre de tonneaux à un personnage du jeu, alors que le gameplay n’est pas vraiment adapté pour. Et c’est le cas de nombreux jeux !

Établir une difficulté qui convient à tous les joueurs continue à se révéler assez complexe. C’est pourquoi la difficulté d’un jeu vidéo a beaucoup évolué au cours des années de telle manière que maintenant les joueurs s’inventent leur propre difficulté pour se donner encore et toujours plus de nouveaux challenges. Cela ne veut pas dire que les jeux sont devenus trop simples, mais simplement que la communauté gaming aime se surpasser toujours plus. Et vous ? Quels sont les jeux que vous avez trouvés difficiles ? Qu’avez-vous apprécié dans cette notion de difficulté ?

 
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Noëlie
Noëlie

Je suis une ancienne frontend engineer, devenue consultante en accessibilité numérique. Je suis passionnée par l'inclusion et travaille avec des entreprises pour créer des expériences numériques accessibles à tous. En plus de mon travail de consultante, j'interviens également pour former les étudiantes et étudiants sur l'importance de l'accessibilité web. Je suis également intéressée par l'accessibilité des jeux vidéo et cherche à sensibiliser l'industrie à ce sujet.