La mise à jour et son pouvoir de permissivité

La mise à jour et son pouvoir de permissivité

La mise à jour et son pouvoir de permissivité

Depuis près de dix ans, internet a peu à peu fait partie intégrante de notre quotidien, apportant son lot d’avantages et d’inconvénients. Concernant le jeu vidéo, il a notamment permis l’arrivée du jeu multijoueur en ligne et des diverses fonctionnalités réseau, des composantes presque indispensables aujourd’hui. Mais parmi cette myriade de nouveautés, la compatibilité en ligne de nos jeux et de nos machines a créé une sorte de laxisme de la part des développeurs et des éditeurs.

Une sortie et puis c’est tout : une époque révolue

Avant l’avènement d’Internet et durant environ les sept premières générations de consoles, lorsqu’un jeu sortait, il avait intérêt d’être parfait. En effet, les développeurs n’avaient pas moyen de revenir dessus pour corriger quelques petits bugs ici et là. Une telle pratique était tout bonnement impossible avant le début des années 2000. Bien que la septième génération regroupant notamment la PS3 et la Xbox 360 commençait à bien se familiariser avec les fonctionnalités en ligne, la pratique des mises à jour n’était pas encore très courante. Pour ce qui est du PC, c’est un peu différent. Si les jeux n’étaient pas mis à jour par les développeurs, c’est la communauté de moddeur* qui pouvait se charger de corriger les bugs. La connectivité à Internet était d’ailleurs plus accessible que sur console, en plus d’avoir une longueur d’avance sur ces dernières.

Dans Doom 3, le personnage ne pouvait pas équiper une arme en plus de sa lampe de poche. Une mécanique vite modifiée par les moddeurs. 

Pour en revenir aux jeux, la sortie de l’un d’eux sonnait vraiment comme l’aboutissement de plusieurs heures de travail, sans retour possible. Le moindre souci interne y était à jamais, comme une quête buggée, un dialogue non sous-titré, une animation ratée, etc. Il était donc primordial d’y apporter un grand soin, à chaque étape de la conception. Pour les studios qui réussissaient l’exercice, l’impossibilité de revenir sur leur jeu n’était peut-être pas un souci, mais à l’inverse, les jeux qui comportaient des bugs en gardaient les traces pour toujours. Un problème qui n’est aujourd’hui plus d’actualité avec les jeux récents.

*Moddeur : Personne qui modifie un jeu vidéo en créant des mods. Les mods représentent des ajouts ou des modifications apportées au jeu afin d’en changer certains aspects.

La permission de l’échec ?

La possibilité d’actualiser un jeu même après sa sortie est à la fois une bonne et une mauvaise chose. D’un côté, si ce dernier présente certains bugs, ils peuvent vite être corrigés. De plus, de nombreuses mises à jour ajoutent de réelles fonctionnalités et ne se limitent pas à de simples correctifs. Cela peut être des ajouts de niveaux de difficulté voire un mode New Game +, l’ajout d’un mode photo ou encore tout simplement l’arrivée d’un mode multijoueur. Des jeux comme God of War ou Dark Souls 3 ont par exemple eu des mises à jour de ce type, parfois dès leur sortie. Et comment ne pas évoquer ces fameuses mises à jour « day one ». Celles qui pèsent plusieurs dizaines de Gigas et qui corrigent bien trop de choses pour un jeu censé être terminé.

L’une des nombreuses mises à jour de God of War, sur PS4

Car c’est ici qu’a l’air de sévir le vice des mises à jour : le laxisme accordé à la finition d’une œuvre. De nombreux titres sortent avec cette impression de manquement quelque part. De sévères bugs, un framerate à la ramasse, un mode difficile absent, etc. Ces mises à jour là ne suffisent d’ailleurs pas toujours à corriger pleinement un jeu et il faut parfois attendre plusieurs semaines avant de pouvoir y jouer correctement. Une bonne raison d’attendre un peu avant d’acheter un nouveau jeu ou de le tester. Le jeu Control avait par exemple de gros problèmes de framerate à sa sortie et le patch de correction n’a vu le jour que quelques semaines plus tard.

Et est-ce que ce genre de problèmes serait d’actualité si les mises à jour n’étaient pas si faciles à effectuer ? On ne le saura sans doute jamais, mais ce manque d’application est clairement visible depuis la huitième génération.

Cela dit, une mise à jour permet généralement d’améliorer un jeu, que celui-ci soit terminé ou non. Dans certains cas, cela peut permettre d’ajouter certaines fonctionnalités non indispensables à la sortie, comme le mode photo ou le New Game + par exemple. Il arrive d’ailleurs souvent que ce dernier soit implémenté suite à la demande des joueurs et des joueuses. Les développeurs ont ainsi plus de temps pour travailler sur ces fonctionnalités « annexes ». D’autres petites choses peuvent également être retouchées comme la taille des textes en jeu, ce fut le cas pour The Witcher 3 et Death Stranding plus récemment. Cela peut paraître dérisoire, mais les paramètres d’accessibilité sont bien souvent trop négligés.

Les mises à jour peuvent même parfois sauver un jeu de sa déchéance. Star Wars Battlefront 2 ne partait clairement pas sur de bonnes bases à cause de son système économique plus que controversé. Après de multiples correctifs, le titre s’est peu à peu relevé de son matraquage afin de devenir un jeu vidéo convenable rassemblant une fidèle communauté. De même pour No Man’s Sky, qui a beaucoup déçu à sa sortie, mais qui, au fur et à mesure des mises à jour, s’est enrichie au point d’être devenue une petite référence dans le genre science-fiction.

La mise à jour Beyond de No Man’s Sky est la plus ambitieuse développée par le studio Hello Games à ce jour. Elle continue d’apporter de nombreux ajouts au titre.

Une nouvelle manière de concevoir

Depuis quelques années, une nouvelle forme de jeu est apparue, les « Game as a service ». Ce sont des jeux qui s’enrichissent avec le temps, de par l’ajout de nouveaux modes, de nouvelles zones ou cartes, de cosmétiques, de divers événements ou bien de scénario, parfois moyennant finance. Et tous ces services se font via des mises à jour. Ils sont nombreux à adopter un fonctionnement de ce type : Destiny, The Division, GTA Online, League of Legends, sans oublier les Battle Royale et les MMORPG… Le système économique des plus gros jeux de ces dernières années est uniquement basé là-dessus, Fortnite et League of Legends en tête.

Il est aujourd’hui impossible d’imaginer un jeu faisant fit d’une mise à jour, quelconque soit-elle. En même temps, cela doit être si plaisant de pouvoir continuer à travailler sur son œuvre bien qu’elle soit déjà « finalisée ». Si le jeu vidéo peut être considéré comme un art, il a cette particularité que ces compères n’ont pas : le pouvoir de s’actualiser à souhait.

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Ylonith
Ylonith

Voyageur de mondes virtuels, passé par Midgar, Skellige et les terres d’Azeroth. Admirateur de jeux enchanteurs, et explorateur du multivers vidéoludique.