Élément aussi important que les protagonistes, les antagonistes, méchants ou non, ont permis à bon nombre de jeux d’être mondialement connu. Pour leur rendre hommage, un peu plus qu’aux protagonistes, nous allons aujourd’hui nous intéresser un peu plus aux bad guys du jeu vidéo.
Qu’est-ce-que un antagoniste ?
Un antagoniste est une personne ou un groupe de personnes qui sont en opposition avec le protagoniste. Ayant souvent une idéologie différente de celle du protagoniste, l’antagoniste est fatalement amené à se confronter au protagoniste, en tant qu’obstacle à franchir ou menace à défaire. De par sa nature contraire, il est aussi la raison principale de la quête de notre héros. Il a donc un rôle important dans la diégèse, l’univers de l’oeuvre, voire même fondamental comme moteur de l’intrigue : souvent sans antagoniste le héros perdrait son but et finirait par errer. Dans le jeu vidéo, malgré le nombre impressionnant d’antagonistes que nous pouvons croiser, on peut en distinguer plusieurs types sur lesquels nous attarder un peu.
Antagoniste, qui es-tu ?
Définir des catégories d’antagonistes peut s'avérer être un exercice compliqué. En effet de par leur nature, leurs motivations, le sens qu’ils donnent à leurs actions on pourrait les diviser en un grand nombre de catégories. Dans le jeu vidéo cependant, on peut catégoriser les antagonistes selon la “complexité” de leur caractérisation: les personnages fonctions et les personnages complexes.
Les personnages fonctions sont des personnages qui ont pour caractéristique d’être plats dans leur écriture. Généralement, ils n’ont qu’un but et ne reculent devant rien pour l’accomplir . Comme le laisse entendre le nom, les personnages fonctions servent à faire avancer l’intrigue. Ici, ces antagonistes servent de méchants faciles à identifier et généralement, l’opposition est très vite marquée entre le protagoniste et eux. On peut ici citer Bowser, le Dr Eggman, La Team Rocket entre autres. La simplicité de ces personnages permet aux joueurs, même les plus jeunes, de se rendre compte qu’ils sont méchants pour une raison qui semble simple. Bien que dans les jeux dont ils découlent directement ils sont représentés sans aucune complexité, il arrive, quand ils deviennent célèbres, qu’ils gagnent au passage un étoffement de leurs back-stories dans d’autres jeux de la même licence. Le docteur Eggman est un cas assez significatif de cette tendance : dans les premiers Sonic, il est présenté comme étant juste un savant fou qui capture des “potits animaux cro meugnons” et il faudra attendre d’autres jeux comme Sonic Adventure 1&2 afin d’en apprendre plus sur lui. Dans d’autres cas, il faut aussi attendre des éléments d’univers étendu, comme des séries d’animations pour la Team Rocket, pour mieux les comprendre et les apprécier.
Dans le cas des personnages complexes, les ennemis ne se résument plus à une ligne de scénario qui pourrait ressembler à “gr je suis très méchant”. Ces personnages sont bien plus réels et intéressants, car ils ne sont pas que des archétypes de personnages. En plus d’être méchants, ils ont des raisons, plus ou moins justifiables pour le faire, un caractère souvent plus marquant que celui du protagoniste et parfois ils permettent aux protagonistes et aux joueurs d’avoir un regard un peu plus critique sur le monde dont ils sont issus. Que ce soit pour contrôler le monde, comme l’empereur de Final Fantasy II, pour “sauver” ce qui leur est cher, comme Hadès de Final Fantasy XIV, ou même juste pour détruire à cause d’une haine exacerbée d’absolument tout, comme Kefka Palazzo, ces antagonistes marquent par leurs motivations. Les moyens qu’ils emploient, ou même leurs caractères, font qu’ils arrivent à devenir inoubliables, comme par exemple Vaas de Far Cry 3, ou le Joker dans les jeux Batman Arkham.
Pour parler des antagonistes qui nous permettent d’avoir un regard critique, on ne peut trouver meilleur exemple que Sephiroth de Final Fantasy VII. Il est très intéressant, car en plus d’être un des antagonistes, à mon sens, les plus charismatiques que l’on puisse connaître, il était un héros qui est devenu méchant. Pour comprendre son changement, pour le moins radical, on va se pencher un peu sur l’incident de Nibelheim. Pour remettre dans le contexte, Sephiroth était un membre d’un groupe de militaires augmentés, le SOLDAT, qui est la main armée d’une énorme corporation la Shinra. Dans le cadre d’une mission, Sephiroth sera confronté à la réalité de sa création : il est un “monstre” créé par le projet JENOVA, visant à créer un être humain hybride avec l'extraterrestre éponyme. Après cette révélation, il s’enferma dans le manoir à la recherche de la vérité et cela le fit devenir fou, au point qu’il mit le feu au village et tenta plus tard de détruire le monde en invoquant un météore. Ce qu’on peut dire ici c’est que finalement, dans un désir d’avoir sa milice surpuissante, qui permettra de détruire toute forme de résistance à leurs procédés, la Shinra a crée ce que l’on considère sans souci comme étant le plus grand danger que l’humanité aura connu, en plus des monstres issus de leurs expériences. La Shinra, au travers de la folie de Sephiroth et de ses ambitions meurtrières, est aussi montrée comme une organisation cupide. Elle a joué aux apprentis sorciers pour le pouvoir et cela nous permet d’être plus critiques à propos de cette compagnie, qui était présentée comme étant bienfaisante.
Nous l’avons donc vu, les méchants peuvent être de puissants moteurs narratifs, mais surtout des personnages très appréciés bien qu’ils soient représentés comme des personnages néfastes et nous allons voir pourquoi.
Antagoniste et empathie.
Il est très commun, surtout avec des personnages de plus en plus complexes, d’apprécier des opposants et on peut se demander pourquoi ? Selon un article de Madmoizelle, on peut lire que finalement les antagonistes sont aussi un reflet de la réalité et qu’on pourrait même s’identifier aux “bad guys”, car ils représentent une partie de nous. À mon avis, je pense effectivement qu’il y a des mécaniques d’identifications qui sont mises en place. Bien qu’aucun d’entre-nous n’aurait envie de balancer un météore sur la planète, on peut, même plus souvent que l’on ne pense, s’identifier aux antagonistes et même comprendre leurs motivations, bien qu’on soit formellement opposés à celles-ci. Je pense que les antagonistes, beaucoup plus que les protagonistes, sont humains et comme nous ils essaient d’affronter leurs faiblesses. Bien que leurs choix soient néfastes et qu’il faille mettre un terme à leurs actions, il nous arrive d’éprouver de l’empathie envers eux et d’essayer de comprendre leurs actions. Je citerai pour exemple Monika de Doki Doki Litterature Club qui à bien des égards peut être considérée comme étant l’antagoniste de l’histoire. Cependant, malgré ses actions néfastes, des joueurs essaient de comprendre pourquoi elle a agi ainsi et cela crée des débats comme ici. Comme dit un peu plus haut dans l’article et dans d’autres, les antagonistes sont des moteurs narratifs et sans antagonistes, il n’y aurait pas d’histoire, c’est vrai, mais j’irais même un peu plus loin. La présence d’antagoniste dans le jeu vidéo et dans d’autres médias est essentielle à l’oeuvre, car ils permettent d’aiguiser notre sens du bien et du mal et ils permettent d’appréhender finalement un peu mieux nous-mêmes et le monde qui nous entoure.
Et vous, que pensez-vous de ceci? Pensez-vous que les méchants sont nécessaires? Et quels sont vos antagonistes favoris?
Sources :
http://www.jeuxvideo.com/news/491989/sans-vilain-le-jeu-video-n-est-rien.htm
https://sonic.fandom.com/fr/wiki/Doctor_Eggman/Histoire
https://www.youtube.com/watch?v=r9ySriZOypo
http://youtube.com/watch?v=DIA9BQetkQk
https://finalfantasy.fandom.com/wiki/Jenova_Project_(Final_Fantasy_VII)
https://www.madmoizelle.com/fascination-mechants-843121