Sexualité et appartenance aux jeux vidéo

Sexualité et appartenance aux jeux vidéo

Sexualité et appartenance aux jeux vidéo

Malgré le fait que l’homosexualité soit assez bien perçue dans les jeux vidéo et dans notre société actuelle, elle fut assez discrète dans le passé. Avant les années 2000, la grande majorité des personnages principaux et secondaires étaient définis comme hétérosexuels; l’homosexualité n’étant que suggérée. De quelle manière le monde vidéo-ludique a-t-il évolué sur ce sujet depuis sa création ? L’homosexualité dans les jeux a-t-elle toujours été bien reçue ? Découvrons ça ensemble.

Une arrivée discrète et difficile


Birdo, Mâle ou Femelle ?

Le tout premier jeu proposant un personnage homosexuel est Moonmist (1986). Dans une des quatre fins, Vivien Pentreat devient la méchante du jeu. Le protagoniste trouve une lettre où Vivien parle de sa défunte aimée dans un désir de revanche. Malgré tout, au moment de sa sortie, Nintendo a nié toute forme d’homosexualité dans le jeu.

Birdo, un autre exemple de personnage qui a subi la censure, fait sa première apparition dans Super Mario Bros. 2 (1988). Dans le manuel japonais du jeu, il est écrit que Birdo est « un garçon qui se prend pour une fille, et qui préfère qu'on l'appelle Birdetta. ». Néanmoins, il fut censuré et décrit comme un personnage féminin dans tous les pays hors Japon.  Aujourd’hui encore, le sexe de Birdo reste imprécis mais il est souvent considéré comme le premier personnage transgenre de l’histoire du jeu vidéo.

Une identification de plus en plus forte aux personnages


Les Sims : le premier jeu avec personnages jouables transgenres


Un autre jeu permettant de jouer des personnages transgenres est Les Sims. Il propose une personnalisation très poussée des personnages, tant sur l’apparence que sur le caractère. Depuis 2016, il est donc possible d’incarner, par exemple, une femme infertile qui possède une voix grave et de larges épaules.

Récemment de nombreux jeux comme Dragon Age Inquisition, Skyrim et Saints Row IV permettent également au joueur de personnaliser complètement son personnage et de choisir sa sexualité, mais ils vont plus loin encore parce que notre personnage n’est pas obligatoirement humain !

 

Lorsque les personnages jouables sont imposés, les développeurs ont tendance à utiliser deux méthodes afin que le joueur continue à s’identifier aux personnages. Le premier est de laisser le choix concernant la personnalité et la sexualité du protagoniste comme dans Fallout 2 ou Fable II. Dans ce dernier nous jouons Moineau, personnage imposé dès le début du jeu afin de respecter la trame principale, mais il est toujours possible de s'identifier à lui en choisissant son code vestimentaire, sa sexualité, et sa personnalité en effectuant de bonnes ou de mauvaises actions. Il est également possible de jouer son homologue féminin : Rose.  


Tracer et sa petite amie dans la BD “Réflections”

L’autre méthode des développeurs est de proposer une plus grande diversité de personnages et de personnalités afin que chaque joueur puisse s’identifier à l’un d’entre eux. Le jeu The Last Of Us, par exemple, possède deux personnages principaux très différents : Ellie, adolescente lesbienne et Joel, un quarantenaire ravagé par l’épidémie qui a touché le pays. Ces deux protagonistes, plus les nombreux PNJ offrent une identification forte aux joueurs.
C’est aussi le cas d’Overwatch qui offre une grande gamme de personnages possédant chacun leur caractère et leur histoire. Si vous souhaitez en savoir plus sur les femmes d’Overwatch, je vous invite à lire cet article.
Toutefois dans certains jeux, le protagoniste a une très faible importance. C’est le cas de Subnautica ou de Portal, qui n’offrent que très peu d’informations sur le personnage principal. Ce choix a sûrement pour but de plonger complètement le joueur dans l’environnement du jeu, en faisant abstraction de l’histoire du personnage jouable.

L'identification à un personnage permet-elle de mieux s’accepter ?

Mais si le joueur s’identifie à un personnage qui lui ressemble, le jeu vidéo permet-il de mieux s’accepter tel que l’on est ? Yann LeJacq essaye de répondre à cette question dans son article Video Games Didn't Make Me Gay, But They Did Make Me Proud (Les jeux vidéo ne m'ont pas rendu gay, mais ils m'ont permis d'être fier)

Dans son écrit, Yann explique que le jeu vidéo a un grand avantage que le monde réel n’a pas : il est possible de faire pause et de quitter à tout moment.

“J’aurais aimé que ma première fois avec un homme se soit passée dans un jeu vidéo. À la place, ça a été la deuxième. Et ce n’était pas du tout un homme, plutôt un amas de pixels et de sprites. C’est pour ça que je souhaiterais avoir fait les choses différemment. Parce que le premier homme avec qui j’ai couché était très réel, tout comme l’étaient les risques et les conséquences. J’étais totalement en sécurité avec le deuxième, le virtuel. En jouant un personnage, en étant une autre personne, j’aurais pu très facilement me lever et laisser l’avatar à la table où il m’avait fait la proposition. Ou si j’avais vraiment paniqué, j’aurais pu enclencher l’ultime manœuvre de rejet et éteindre ma PlayStation.”


Scène du baiser dans Mass Effect 3

Aussi il explique que l’homosexualité est idéalisée dans les jeux, notamment dans Mass Effect. Il est possible d’assumer complètement sa sexualité sans que cela ait un quelconque impact sur l’histoire ou les interactions avec les PNJ.

“Mais ce qui est fascinant c’est que les vrais habitants de ces mondes virtuels n’ont jamais eu l’air tellement déterminés à donner un nom à tout ce qu’ils faisaient. La sexualité dans les jeux vidéo n’était pas obligatoirement bonne ni mauvaise. Ce n’était pas être gay ou hétéro non plus. Ça existait juste. Personne n’a jamais arrêté Shepard dans le hall pour lui dire à quel point il était heureux de voir qu’il se sentait enfin mieux dans sa peau avec cette nouvelle tenue en cuir.”

Ainsi, les jeux ont été un vrai exutoire pour lui durant son enfance et son adolescence face aux moqueries de ses camarades de classe.

“Le plus souvent, je me cachais derrière les jeux vidéo, comme ceux qu’a produit Bioware. Je me recroquevillais à l’abri de garçons qui semblaient extrêmement focalisés sur la destruction de chaque partie de moi qu’ils pouvaient atteindre, écrasant la moindre sexualité naissante que j’aurais pu avoir.”

Comme l’annonce le titre de son article “Les jeux vidéo ne m’ont pas rendu gay, mais m’ont rendu fier”, Yannick explique que sa sexualité n’a pas changé grâce aux jeux, mais ils lui ont permis de s’accepter tel qu’il est. Un jeu n’influence pas nos sentiments, mais la manière que nous avons à les interpréter. De plus, rien n’est obligatoire, un joueur peut créer un personnage homosexuel ou non en fonction de ses préférences.

Bien que l’homosexualité fut victime de nombreuses moqueries et censures dans les années 90, elle est aujourd’hui largement acceptée parmi les joueurs et les critiques. Mais pensez vous que l’homosexualité est bien représentée aujourd’hui dans les jeux ? Qu’attendez-vous de plus de la part des développeurs ?

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Kiremya
Kiremya

Étudiant en Master en sciences de l'environnement. Amateur de Rogue-like et de TCG. Fan d'horreur. Les ratons laveurs domineront l'Internet.