Un possible marché de l'occasion dématérialisé ?

Un possible marché de l'occasion dématérialisé ?

Un possible marché de l'occasion dématérialisé ?

La question du jeu d’occasion est un sujet épineux quand il s’agit d’objets dématérialisés. Là où les ventes de jeux en support physique sont des pratiques plus ou moins acceptées, le jeu dématérialisé pose plusieurs questions quant à la possibilité de créer un marché de l’occasion. Nous allons tâcher d’apporter quelques pistes de réflexion.

Un marché de l’occasion dématérialisé ? 

Pour commencer, remettons dans le contexte les dernières nouvelles. Le 17 septembre 2019, après 4 ans de procédure l’association UFC que choisir gagne son procès contre Steam. L’association avait attaqué la célèbre plateforme de jeu vidéo en remettant en cause plusieurs choses. Le fait que dans le contrat utilisateur (celui que personne ne lit…) il y ait des clauses, considérées par UFC-Que choisir?, comme étant abusives. Surtout une clause interdisant explicitement la revente des jeux achetés sur Steam.Le tribunal de grande instance a donné raison à UFC-Que Choisir le 19 septembre en statuant que Valve « ne peut plus s’opposer à la revente de cette copie de jeu vidéo (ou exemplaire) même si l’achat initial est réalisé par voie de téléchargement (…) ».Bien évidemment Valve fait appel de cette décision donc on peut affirmer que cette affaire n’est pas prête d’être finie. Pour autant, la nouvelle de la condamnation en première instance de Steam a fait réagir plus d’un et a rendu très rapidement plus urgente, la question d’un marché de l’occasion des jeux dématérialisés.

Des avis mitigés sur cette question

La question des jeux d’occasion est une question épineuse qui a déjà fait couler de l’encre. En 2013, lors de la présentation de la Xbox One à l’E3, la décision de Microsoft de purement et simplement interdire l’échange et la vente des jeux en les liant à une seule console, avait provoqué une fronde des joueurs forçant l’entreprise à faire marche arrière. Malgré les années, peu de solutions vraiment concrètes ont été trouvées et il semble qu’il existe une sorte de statu quo sur cette question. Néanmoins avec la condamnation de Valve qui, si l’appel de l’entreprise est rejeté par le tribunal de grande instance, risque de rouvrir ce débat et posera plus de difficulté à trouver une solution pérenne à cause des spécificités.

A contrario des jeux à support physique, les jeux dématérialisés ne souffrent pas d’altération, comme le disque rayé ou autre vice qui pourrait permettre un quelconque rabais que ce soit. Il serait donc “possible” de toujours revendre le jeu, si revente il y a, au prix d’achat, ce qui représente un sacré manque à gagner pour les plateformes comme Steam. Secondement, comme pour les jeux en support physique, la revente des jeux n'entraîne aucune retombée économique positive pour les développeurs ce qui pourrait être dramatiques pour les petits studios. En effet, si une clé d’un petit jeu indépendant est mise  en vente librement, il pourrait être possible que pour une clé achetée, 10 personnes aient accès au jeu via les ventes, sans que le développeur ou l’éditeur touche la somme des 10 clés “potentielles”, ce qui serait un manque colossal à gagner. Un manque que beaucoup de studios n’auraient pas les moyens de faire face, surtout qu’avoir son jeu sur une plateforme comme Steam est souvent assez cher.

Au final y’a-t-il un avenir pour ce marché ?

Au vu des interrogations et des soucis que la décision de justice du tribunal de grande instance de Paris a apportée, il devient de plus en plus nécessaire de se poser des questions sur le modèle économique actuel du marché des jeux dématérialisés. Est-il même réalisable dans l’état actuel des choses? Probablement, mais il y a beaucoup de conditions. Tout d’abord, que Steam et d’autres plateformes acceptent de créer cette fonctionnalité, mais dans le cas de Steam, payer l’amende qu’elle a reçue (147.000€) serait plus avantageux d’un point de vue financier. Il faudrait aussi qu’au lieu de vendre des licences, les plateformes vendent des jeux en DRM-Free, mais très peu de plateformes en proposent, notamment GOG et Trove d’Humble Bundle. De plus, la condition la plus importante serait que les développeurs et les éditeurs puissent être assurés de toucher une certaine somme d’argent sur les ventes potentielles entre joueurs, pour compenser les pertes prévisibles occasionnées par la mise en place de ce marché de l’occasion.

Cette question d’un marché d’occasion du jeu dématérialisé est donc un sujet très difficile à voir dans son ensemble, vu le nombre assez important d’inconnues nous n’aurons de réponses que dans un futur, plus ou moins proche. Et vous, seriez-vous favorable à la possibilité de revendre vos jeux dématérialisés?


Sources:

https://store.steampowered.com/subscriber_agreement/french/

https://www.quechoisir.org/decryptage-condamnation-de-steam-vos-questions-nos-reponses-n70999/

http://www.lefigaro.fr/jeux-video/2013/06/20/03019-20130620ARTFIG00396-xbox-one-face-a-la-colere-des-joueurs-microsoft-fait-marche-arriere.php

https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/steam-le-geant-de-la-vente-en-ligne-de-jeux-video-pc-attaque-de-toutes-parts-256812

https://www.nextinpact.com/brief/-steam-et-uplay-condamnes-en-france--5502.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num%C3%A9riques

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