Le handicap et les jeux : une accessibilité difficile ?

Le handicap et les jeux : une accessibilité difficile ?

Le handicap et les jeux : une accessibilité difficile ?

Pour de nombreuses personnes aujourd’hui, le jeu vidéo est devenu très accessible : il suffit d’avoir une manette, un smartphone ou encore un clavier et une souris. L’apprentissage est rapide et permet de voyager dans nos aventures préférées sans même avoir à réfléchir à nos propres mouvements. Mais quand la mobilité est restreinte par un handicap (qu’il soit physique ou mental), le divertissement peut devenir compliqué et source de frustration. Où en est le marché sur ce sujet et quelles sont les solutions proposées par les fabricants et les développeurs ? Découvrons cela ensemble.

Les manettes qui s’améliorent…

Parfois, le joueur peut connaître un enfer en essayant de jouer à son jeu favori. Les manettes classiques et consoles portatives sont inutilisables pour certaines personnes victimes de handicap physique. Pour y remédier, de nombreuses organisations comme CapGame proposent aujourd’hui d’adapter le handicap aux jeux vidéo. Parmi leurs nombreuses solutions, Project Iris et Kinesic Mouse permettent respectivement de contrôler le jeu grâce aux mouvements des yeux et de la tête. Ces dispositifs permettent notamment aux personnes ne pouvant pas utiliser leurs mains de jouer librement. Il existe aussi de nombreux moyens techniques permettant de ne jouer qu’avec une seule main.

Par exemple, HandiGamer propose des manettes où tous les boutons sont déplacés du même côté de la manette et le joystick est placé sous la manette, ce qui permet une totale capacité avec une seule main et un support. Il est également possible d’avoir le contrôle complet d’un jeu uniquement grâce à une souris adaptée. Xbox a suivi la tendance en créant le Xbox Adaptive Controller. Il est composé de deux pad et de quelques touches et son atout principal est la possibilité d’être personnalisé. De nombreux accessoires modulables sont disponibles pour pouvoir s’adapter à tout type de handicap. D’autres dispositifs permettent de contrôler les jeux avec la voix. Après un paramétrage complet, tout peut être commandé avec le mot choisi. Il suffit alors de dire à haute voix « avance » ou encore « recharge » pour que votre personnage effectue la tâche assignée. 
Toutes ces propositions ne visent qu’un public touché par un handicap physique et non visuel, auditif ou même mental. Ces derniers peuvent malgré tout être aidés par les options qu’offrent les développeurs dans leurs jeux.

… Et les développeurs aident les joueurs.

De plus en plus, il est possible d’adapter le jeu au handicap. L’exemple le plus commun est le daltonisme, mais certains développeurs vont plus loin en permettant notamment aux joueurs touchés par un handicap auditif ou mental de pouvoir accéder à leurs jeux. Un handicap auditif peut être compensé par de nombreuses indications visuelles sur l’écran comme une flèche indiquant l’origine des coups, par exemple. Aussi, dans de nombreux jeux, il est possible d’ajouter un fond aux sous-titres afin de les lire plus facilement et de ne pas perdre le fil de l’histoire.
Concernant le handicap visuel, les icônes doivent être facilement différenciables, les cartes et la police doivent être lisibles et le texte se doit d’être de taille suffisante pour être correctement lu. Certains vont même beaucoup plus loin pour aider les malvoyants. Par exemple, les développeurs du jeu Dragonium proposent gratuitement un atlas complet de la carte du jeu en braille permettant de compléter les indications de la synthèse vocale.

Quant aux personnes ne pouvant pas lire, un doublage des voix en version française et des indications de quête à l’aide d’images aident à la progression. Pour plus d’informations sur l’accessibilité des jeux, je vous conseille de visiter le site GameLover, qui teste régulièrement des jeux pour juger si le jeu est simplement accessible à tous types de handicap.

Les jeux vidéo conçus pour le handicap : une bonne idée ?

Certains jeux ont même été créés pour les personnes en situation de handicap. C’est le cas de A Blind Legend, où l’on incarne un combattant aveugle guidé par sa fille. Destiné aux aveugles et malvoyants, il peut également être joué par les personnes curieuses de vivre une aventure à l’aveugle. Aucune indication n’est disponible à l’écran, seul le son pourra vous aider pour vous guider dans le monde et combattre les monstres qui menacent votre fille. Mais ce type de jeu, bien que très accessible, sont très rares et souvent développés avec peu de moyens. L’idéal serait de créer des jeux accessibles à tous les joueurs, quelle que soit leur condition. Mais ceci n’est possible que si les développeurs font un effort lors de la conception de leurs jeux.

Par exemple, une particularité de certains jeux est d’avoir un travail sonore particulièrement réussi. De nombreuses personnes ont été surprises de voir des aveugles jouer à 1-2 Switch. Ce dernier, très clair au niveau des signaux sonores et ne nécessitant pas l’usage d’un écran, fut très apprécié par certains joueurs malvoyants.
Un autre exemple d’un sound design particulièrement bien réussi est Furi. Le développeur Emeric Thoa a fait beaucoup d’efforts pour que son jeu soit le plus clair possible, tant sur l’image que sur le son. Lors d’une interview sur la chaîne de NesBlog, il a expliqué qu’il a été agréablement surpris d’apprendre qu’un aveugle a réussi à battre le premier boss de son jeu ; alors que Furi n’est pas destiné aux malvoyants. C’est ainsi que les jeux solo et multijoueurs deviennent de plus en plus accessibles aux personnes en situation de handicap.

Le jeu et l’e-sport, un outil d’insertion sociale

Le jeu peut être d’une grande aide pour s’insérer socialement. Derrière son écran, on est tous des joueurs, les différences physiques et sociales n’existent plus. Les regards en coin et les jugements de valeurs sont oubliés, seul le jeu compte. Ce dernier permet de s’insérer et de faire de nouvelles rencontres, comme avec le sport qui, malheureusement, est inaccessible pour de nombreux handicapés. Mais attention aux désillusions. Le retour à la réalité peut être difficile quand on reste connecté trop longtemps.

Malgré tout, de bons exemples d’insertion réussie ont eu lieu dans l’e-sport. En effet, quelques joueurs handicapés ont réussi à se faire un nom sur la scène internationale. Un joueur de FIFA nommé GyZmO, myopathe de naissance, a réussi à se placer 118ᵉ au championnat de France officiel FIFA 2016. Un second exemple tout aussi impressionnant est Enable, un Américain qui a remporté l’ESWC 2015 sur Call of Duty alors qu’il lui manque un pouce ! Et même si certains joueurs comme Enable et Gizmo arrivent à se classer dans des compétitions ouvertes à tous, l’IeSF a organisé une compétition e-sportive réservée aux joueurs handicapés à Séoul en 2014. Plus de 200 joueurs de 12 pays différents ont concouru pendant quatre jours sur League of Legends, FIFA et Starcraft 2.

Cependant, nous pouvons nous questionner sur de telles compétitions. De la même manière qu’avec les compétitions féminines, n’est-il pas plus intéressant de promouvoir la mixité et l’insertion dans un monde où l’apparence physique importe peu pour la réussite ?

 
 
Rejoignez notre serveur discord pour discuter de l'article et partager vos réflexions avec une communauté passionnée !
Kiremya
Kiremya

Étudiant en Master en sciences de l'environnement. Amateur de Rogue-like et de TCG. Fan d'horreur. Les ratons laveurs domineront l'Internet.