Avant de commencer cet article, je me dois d’expliquer ce qu’est la blockchain.
Généralement associée aux crypto-monnaies (les célèbres bitcoin, ether ou autres datant de ces dernières années, également liées aux jeux vidéo, par Crytek, Brian Fargo ou Atari), la blockchain est "décentralisée”. Elle permet de faire des échanges d’informations sécurisés et en toute transparence, dépendant d'un réseau de "nœuds", des utilisateurs individuels qui, par ordinateur, donnent leur accord avec une série d'opérations créant un "bloc" unique au sein d'une chaîne. Ces “nœuds” vont vérifier la validité et l’authenticité de l’opération demandée. Les opérations sont anonymes, mais l’idée s’appuie sur le fait que la vérification de tous ces nœuds rend tout mouvement sûr et impossible à tromper. Si je veux envoyer quelque chose (généralement une crypto-monnaie, mais en principe cela peut être n'importe quoi) à une autre personne, les nœuds vérifient que ce que j’ai envoyé est là, le transfert est enregistré et l'autre personne reçoit ce que j’ai envoyé. Lorsque le nombre de transferts admis par un seul bloc est traité, il est ajouté à la chaîne. Le réseau de nœuds garantit que cette "chose" n'est pas transférée deux fois en trompant le système.
Pour faire relativement simple, il s’agit d’une technologie qui permet de stocker et de transmettre des informations de façon sécurisée et transparente et que personne ne contrôle. (Définition par Blockchain France).
Si on commence déjà à penser en termes de jeux vidéo, si j'envoie une épée donnée à une autre personne, la blockchain m'empêche de l'envoyer à nouveau parce que ce n'est plus la mienne.
La blockchain possède un potentiel énorme et il était normal que les studios de jeux vidéo commencent à faire des recherches à ce niveau-là pour trouver comment l’intégrer de façon convenable et logique au sein de leurs jeux vidéo. Comme expliqué auparavant, un exemple concret serait un transfert d’item qui ne se fait qu’une seule fois.
Ubisoft et Hashcraft
Tout le monde connaît Ubisoft, que ce soit de nom ou bien pour les jeux qui ont fait le succès du studio (Assassin’s Creed, Just Dance, Watchdogs, etc). Mais ce que le grand public connaît moins, c’est le “Strategic Innovation Lab”, la branche d’Ubisoft qui s’occupe de la stratégie d’innovation et de comment appliquer les nouvelles technologies dans le quotidien. Ainsi, depuis 2016, le “Strategic Innovation Lab” étudie les utilisations possibles de la blockchain au sein d'une société de jeux vidéo telle qu'Ubisoft.
Ce laboratoire travaille notamment sur le prototype d’un jeu nommé Hashcraft, un jeu "très influencé par le megahit Minecraft, mais qui fait aussi clins d’œil à Fortnite et No Man's Sky" et qui utilise la blockchain pour donner une plus grande importance aux mondes créés par les joueurs, qui ne sont pas stockés sur un serveur. Ils sont la "propriété" de la personne qui les crée, qui peut ensuite la rendre publique et gérer l'accès à leur carte comme il le souhaite.
Si l’on reprend ma définition de la blockchain en introduction, c’est dans cet esprit que la proposition de Hashcraft prend forme. Les mondes du jeu sont uniques de manière plus libre que dans d’autres jeux, autrement dit les cartes peuvent être partagées à l’infini et admettre des variations infinies. Chaque monde est un espace pour le joueur qui ouvre de nouvelles possibilités.
On peut y trouver plusieurs applications, c’est notamment ce que dit un article australien sur le jeu : "Si vous pouvez créer une île incroyable avec des défis très amusants, par exemple, vous pouvez facturer un prix d'entrée pour que les autres joueurs puissent se rendre dans ce monde et le vivre. Mais vous pouvez également le configurer de telle sorte que si vous complétez vos défis, vous gagnez une récompense monétaire."
Un moyen d'encourager les gens à partager leur univers consiste à proposer une crypto-monnaie en échange de la publication de leurs créations. Cette crypto-monnaie pourrait alors être utilisée en dehors du jeu, pour être échangée contre des bitcoins, de l’Ethereum ou même contre de l’argent.
Les récompenses n'ont pas l’obligation d’être monétaire, mais peuvent être des objets que vous pouvez ensuite apporter à vos mondes ou à ceux d’autres personnes. "La limite, c'est le paradis, mais contrairement à d'autres jeux qui ont suivi ce chemin auparavant, vous - et non Ubisoft - avez la propriété de toute récompense monétaire."
Bien que la présentation du jeu puisse nous donner beaucoup d’idées de choses à faire, il ne faut pas oublier que la volonté première des développeurs est d’en faire un jeu de chasse au trésor et d’exploration d’îles dans lequel n’importe qui peut créer des îles, cacher des trésors et proposer des défis. Il ne faut pas oublier que le jeu est toujours en développement et le restera encore pendant un moment puisque la blockchain n’est encore que très récente et quelque peu limitée pour certains usages.
À l’assaut de la blockchain
Quoi qu’il en soit, ce que le “Strategic Innovation Lab” essaie d’utiliser avec Hashcraft n’est pas né en huis clos. En effet, l’intérêt ou la préoccupation que l’industrie du jeu vidéo ressent à l’égard de la blockchain existe depuis un moment, et cela s’est vu au Gamelab 2018, où une conférence intitulée « Blockchain : Disrupting Games Platform and Economies» (« perturbation », l'un des mots fétiches de l'anarcho-capitalisme) a eu lieu et dans laquelle plusieurs personnes ont participé à des projets utilisant la blockchain et les cryptomonnaies.
En allant au-delà de tout cela, on peut essayer de comprendre et de voir de nouvelles applications possibles à l’insertion de la blockchain dans les jeux vidéo. Une autre des applications que l’on peut voir est notamment les recherches de Sony pour renforcer la sécurité de ses contenus en utilisant la blockchain.
AxiomZen et CryptoKitties
Parlons maintenant d’un autre jeu, CryptoKitties qui est basé sur la blockchain Ethereum créé par le studio AxiomZen. Le jeu consiste à acheter des chats virtuels avec de l'ether (la monnaie virtuelle de la blockchain Ethereum), de les élever et de les collectionner. Les utilisateurs fixent un prix de vente et mettent leur chaton aux enchères. Le prix de ce dernier baisse jusqu’à ce qu’un acheteur se présente. Il est également possible de former des couples avec les chatons dans l’optique de les faire se reproduire et donner naissance à un CryptoKitty unique.
Ainsi, ce sont plus de 30 000 chats virtuels qui se sont vendus pour l'équivalent de 4,8 millions de dollars depuis le lancement du jeu le 28 novembre 2017. Certains chats se sont vendus pour des montants supérieurs à 246 ethers, (soit l'équivalent de 117 712 dollars). "Nous voulions rendre la technologie blockchain accessible à l'utilisateur de tous les jours, car nous pensons qu'il s'agit d'une étape clé pour voir la technologie adoptée", a indiqué le responsable de la communication d'Axiom Zen "Nous voulions explorer les applications de blockchain en dehors des ICO (Initial Coin Offering) et des cryptomonnaies", poursuit-il.
Les applications de la blockchain en dehors des crypto-monnaies peuvent donc être nombreuses avec de l’imagination, du temps et de l’envie. Toutefois, les usages ne sont pas et ne seront sûrement pas tous encore applicables de nos jours puisque la technologie est encore récente et peut poser des problèmes de respect de la vie privée, notamment avec les jeux vidéo qui favorisent beaucoup l’anonymat de nos jours.
Cependant, les usages ne sont pas et ne seront certainement pas tous encore applicables de nos jours, car la technologie est encore récente et peut poser des problèmes de respect de la vie privée, particulièrement avec les jeux vidéo qui favorisent beaucoup l’anonymat de nos jours.
Et vous, que pensez-vous d’un jeu vidéo basé sur la blockchain ?