Les technologies du numérique deviennent de plus en plus poussées et on a pu voir émerger les intelligences artificielles (IA) depuis quelques années maintenant. Si pour les joueurs de jeux vidéo les IA sont surtout synonymes de Personnages Non Joueurs (PNJ) un peu stupides sur les bords, ce n’est pas la seule application qu’on lui trouve dans ce milieu. En effet, durant le mois de septembre, une équipe de chercheurs américains (Entertainment Intelligence Lab) basée dans l’état de Géorgie aux USA a mis au point une IA capable de créer des niveaux de jeux vidéo. Le principe : faire visionner des vidéos ou des streams de joueurs jouant à des jeux vidéo, en assimiler les mécaniques et la construction, puis créer un nouveau niveau de jeu.
L’équipe de recherche
L’équipe Entertainment Intelligence Lab est, comme son nom l’indique, un laboratoire de recherche basé sur le campus de la Georgia Institute of Technology, aussi appelée Georgia Tech. Cette université est notamment connue pour ses programmes d’ingénierie et d’informatique, ce qui semble assez cohérent quand on voit sur quoi s’amusent ses divisions de recherche. Revenons-en au laboratoire, celui-ci est dirigé par Mark Riedl, qui est aussi professeur à Georgia Tech. Il possède notamment un doctorat après avoir fait des recherches dans le domaine suivant : << Nouvelles intelligences capables de générer automatiquement des histoires et de gérer l’expérience interactive de l’utilisateur dans des mondes virtuels ou des jeux vidéo >>. Oui, c’est long, pas clair et on ne comprend rien. En gros, retenez que le gars aime bien les IA et qu’il aime bien passer ses journées entre la cafetière et son écran de PC. Vu qu’il est vachement doué, il fait ça avec plein de copains et il donne des cours. Enfin, l’IA dont il est question est un projet de recherche sur lequel Mark Riedl a travaillé avec un doctorant : Matthew Guzdial.
Le programme
Les premières tentatives ont été réalisées à l’aide de Super Mario Bros, Kirby’s Adventure et Mega Man. Ce dernier a d’ailleurs posé quelques soucis à l’IA, qui avait du mal à gérer l’évolution des caractéristiques du personnage au fil du jeu. Cependant, un jeu plus basique tel que Super Mario Bros a demandé moins d’effort pour créer un nouveau niveau de jeu. Comme cité au tout début de l’article, le programme développé s’appuie sur des vidéos ou des streams de personnes en train de jouer au jeu sélectionné.
Dans un premier temps, le programme analyse la construction du niveau et l’intégration des ennemis - big up à vous les Goombas - afin de respecter ses codes plus tard, lors de la création des nouveaux niveaux. Cette étape sert notamment à éviter d’avoir des tuyaux qui pendent au plafond ou encore des trous tout simplement infranchissables, car trop longs. Le programme se fixe en quelque sorte les limites à ne pas franchir pour l’étape de conception. Cependant, un bon jeu est un jeu difficile, mais pas trop pour pouvoir avancer.
Exemples de niveaux créés par l'IA
Pour cela et dans un deuxième temps, le programme se sert des sessions de jeu pour analyser le temps que passe le joueur sur les différentes parties de chaque niveau. Ainsi, il peut échelonner la difficulté en fonction du temps passé par le joueur avant de franchir un obstacle, un ennemi ou la combinaison des deux.
Du côté des chiffres, le programme a été capable de créer 151 niveaux différents à partir de 17 échantillons. Leur nature n’étant pas spécifiée dans mes sources, je suppose que chaque échantillon correspond à une vidéo ou à un stream de gameplay. Cependant, en réduisant le nombre de contraintes et/ou leur importance, le programme a été capable de créer pas moins de 334 nouveaux niveaux contre les 151 précédents.
Les IA dangereuses ?
Le titre sort de nulle part, je vous l’accorde. Néanmoins, je serais déçu de parler d’intelligence artificielle sans attaquer ce sujet qui effraie les uns et qui fascine les autres. Bien sûr, l’idée n’est pas d’apporter une réponse qui fasse consensus, mais d’apporter des éléments de réflexion à ceux qui veulent bien les accepter.
La plupart d'entre nous considèrent rapidement une IA capable de réfléchir par elle-même comme potentiellement dangereuse. Poussée à son extrême, cette théorie n’est pas si déconnante et peut faire un peu froid dans le dos. Mais voilà tout, il faut la “pousser à l'extrême”. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai peur de ce que je ne connais pas. Alors forcément, quand on me dit que des programmes arrivent à battre des joueurs humains au jeu de GO, réputé comme étant le plus difficile au monde, je flippe un peu en repensant à John Connor et à Skynet.
Cependant, avec un peu de bon sens et après avoir passé un peu de temps à coder des algorithmes en tout genre, on se rend compte d’une chose : un algorithme est programmé par un humain. Transcendant n’est-ce pas ? L’idée est la suivante : un programme sera toujours cantonné à faire ce que lui demande son programmeur. Si vous demandez à un programme de chercher les 5000 premiers nombres premiers, il finira rarement par vous donner les 40 premières décimales de ?. Puis, si ça peut vous rassurer, il n'existe pas encore de fonction permettant d’éradiquer toute l’humanité… Quoique ?
Là réside tout le problème, on ne sait pas ce dont sont capables les petits bijoux technologiques que sont les IA. Comme bien des choses, c’est à force de travaux de recherche et d’une bonne dose de temps que nous en saurons un peu plus sur ce sujet. Pour le moment, pas de panique, Bowser devrait rester tranquillement dans son château virtuel.
Sources :
Basé sur un article de Tom’s Guide
https://www.tomsguide.fr/actualite/algorithme-creer-jeux-video,64393.html
Articles du laboratoire de recherche et celui de l’université
http://eilab.gatech.edu/content/ai-creates-super-mario-bros-levels
https://gvu.gatech.edu/computer-watches-youtube-to-make-games
http://eilab.gatech.edu/content/game-engine-teaching-game-ai