Ou l’importance de faire une pause
Il y a des périodes durant lesquelles je n’ai aucune envie de jouer aux jeux vidéo. Je me retrouve devant mon ordinateur, à faire défiler les plus de 470 jeux acquis au fil des années sur diverses plateformes et à me sentir vidée de mon énergie quand je vois tous ces titres auxquels je n’ai jamais joué.
Alors certes, cela m’arrive de jouer à des jeux avec des amis, surtout en cette période de crise sanitaire, pour garder un semblant de lien social. Mais d’autres fois, je me retrouve à ouvrir League of Legends, créer un lobby pour ensuite annuler la recherche de matchmaking et partir regarder une série à la place.
Retirer le sentiment de culpabilité
Aussi étrange que cela puisse paraître, lorsque je ne joue pas sur mon temps libre, je me sens coupable. Parfois, je me force à chercher le jeu qui me redonnera envie de jouer en passant des heures à faire défiler la liste. Parfois, cela fonctionne et c’est comme ça que j’ai recommencé Stardew Valley, parfois ça ne marche pas et je me retrouve dans un état second proche de la mélancolie.
Quand j’y repense, ce sentiment de culpabilité n’était pas présent lorsque j’étais plus jeune. Je pouvais beaucoup plus facilement me déconnecter sereinement et faire complètement autre chose sans me sentir “redevable” auprès du medium qu’est le jeu vidéo. Peut-être est-ce différent maintenant parce que je milite dans le milieu du jeu vidéo ? Peut-être qu’il y a également une certaine pression méconnue sur les joueurs et joueuses de jeux vidéo.
Ce sentiment de culpabilité, je commence à réussir à m’en détacher. Lentement mais sûrement. Je recommence à me replonger dans la lecture, pour moi qui en suis une grande adepte, sans me dire que j’aurai pu aller faire x ou y choses sur tel jeu.
Que signifie être un “vrai joueur” ou une “vraie joueuse” ?
S’il m’arrive d’avoir des périodes où je ne souhaite plus jouer aux jeux vidéo, suis-je toujours considérée comme étant une “vraie joueuse” ? Par moments, j’ai l’impression de me forcer en me disant que si je ne joue pas pendant certaines périodes, je ne peux pas me sentir légitime et crédible dans ce que je défends.
On en revient aussi à l’éternel débat de qui peut-on considérer comme étant un “vrai joueur”. Personnellement, je pars du principe que cette définition n’existe pas puisque n’importe qui jouant à un jeu vidéo est un joueur ou une joueuse. Jouer à un jeu de simulation ne me fait pas devenir une “fausse joueuse” comparée à quelqu’un qui jouera à un jeu d’action par exemple.
Pour aller un peu plus loin, on peut également parler de la pression sociale autour du jeu vidéo. NicoNico l’a d’ailleurs très bien évoqué dans son article “Le jeu vidéo : refuge social ou prison sociale ?”.
“[...]beaucoup se lancent dans certains jeux parce que leurs amis y jouent et même, certains se mettent carrément aux jeux vidéo simplement pour avoir le même loisir que les autres. Dans ce dernier cas, on estime que cela concerne 25% des joueurs.
Cela peut sembler exagéré de croire que l'on peut passer des heures sur un jeu auquel on n'a aucune envie de jouer, pourtant certains joueurs ont bel et bien conscience d'avoir été à l'encontre de ce qu'ils souhaitaient simplement pour « faire comme tout le monde ».” - NicoNico
Et durant les périodes durant lesquelles je n’ai plus la motivation de jouer aux jeux vidéo, c’est parfois cette impression que j’ai.
Quand la pause s’impose
Durant ces fameuses périodes, je m’oblige à ne plus penser à ce fichier Excel qui contient tous les jeux auxquels je dois jouer, ceux en cours et ceux terminés. Éviter à tout prix de faire un burn-out du jeu vidéo, le quitter pour mieux le retrouver.
Après tout, ce n’est pas parce qu’on aime quelque chose qu’on est obligé de s’imposer un nombre minimum d’heures à passer dessus, le plus important étant de prendre du plaisir. Dans ces moments, il est préférable de prendre du recul et d’aller faire complètement autre chose. Que ce soit aller lire un livre, automatiser ses volets, apprendre à faire de nouveaux cocktails ou peu importe.
Comment raviver la flamme ?
Personnellement, ce n’est qu’une fois que j’ai pris conscience de tout cela que j’ai commencé à revenir doucement dans le jeu vidéo.
J’ai recommencé à jouer aux Sims 4 pendant plusieurs heures. Il faut savoir que c’est typiquement le jeu auquel je vais jouer pendant des heures, voire des jours pour ensuite n’y revenir que quelques mois plus tard si ce n’est pas quelques années. J’ai retrouvé le plaisir de jouer et cela m’a réconforté : finalement, le jeu vidéo reste toujours important pour moi.
Cela m’a permis de regagner de l’intérêt pour d’autres jeux comme Graveyard Keeper, Valheim, Animal Crossing pour ne citer qu’eux. J’ai d’ailleurs écrit une liste des jeux qui ont sauvé mon année 2020 si cela vous intéresse. S’obliger à jouer est contreproductif, cela nous affecte personnellement, mais cela peut nous éloigner de notre passion commune.
Durant le mois de février, j’ai eu de nouveau ce genre de période. Après avoir passé deux semaines à lire des romans, j’ai commencé à rejouer doucement à Prison Architect. Cela m’a redonné envie de jouer à divers jeux.
Ce genre de période m’a aidé à prendre conscience de beaucoup de choses quant à mon rapport aux jeux vidéo. Je connais mes limites et je sais m’éloigner et faire autre chose en me sentant moins coupable. Ne pas se forcer permettra d’apprécier d’autant plus les jeux lorsque vous y reviendrez. Il est important de prendre soin de sa santé mentale surtout en période de pandémie, il n’est donc pas utile de s’ajouter une pression supplémentaire lorsque l’on n’a pas la motivation de jouer.